Chaleur au Québec : des retards et des déceptions

La patience a des limites au printemps.


Avril est lent

Le déroulement transitoire du printemps n'est pas linéaire. Les hauts et les bas du mercure en avril mettent notre patience à rude épreuve. Le Québec est encore vulnérable aux descentes de froid qui repoussent la chaleur souvent loin au sud de la frontière. Ce contexte atmosphérique semble stagner cette année, ce qui pourrait causer certains retards en ce qui concerne les seuils à atteindre.

« L’arrivée des chaleurs au Québec se fait par à-coups, affirme Réjean Ouimet, météorologue. Ceci a pour effet de faire durer le plaisir. On a d’abord les coups d’éclat, suivi de la chaleur stable. Un peu comme un effet de plateau. L’écart entre les premières manifestations et les chaleurs durables est de trois semaines dans le climat du Québec. Il est donc normal qu’on s'impatiente au printemps et particulièrement en avril. »

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Chaleur tardive

En moyenne, le sud du Québec observe des maximums de 10 °C qui s'installent de façon durable vers la mi-avril. Ce seuil est important, puisque les températures devraient rester au-dessus du point de congélation de jour comme de nuit. Avec le froid qui s'accroche et un contexte atmosphérique favorable aux descentes d'air arctique cette année, cette date serait repoussée.

« Les prochaines étapes sont à l’enjeu avec probablement un retard pour les 10 degrés durables, poursuit Réjean Ouimet. Il en va de même des 15 degrés qui sont là pour de bon. Puisqu’on est à même de vivre des rechutes sous ce seuil jusqu’à la fin du mois d’avril. »

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Contexte favorable

La crête atmosphérique est un ingrédient favorable aux poussées de chaleur au Québec. Les vents forts en altitude empruntent une trajectoire au nord, ce qui permet à de l'air chaud du sud des États-Unis de remonter jusqu'à nos latitudes. L'anticyclone des Bermudes se rapproche de la côte pour favoriser le déplacement de la masse d'air.

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Poussées et vagues

L'aspect très changeant du mois d'avril en ce qui concerne les températures peut limiter la fréquence des vagues de chaleur. Il s'agit ici d'une séquence prolongée avec un maximum de 15 °C ou mieux. Mars a été plus généreux que la normale à ce chapitre cette année, mais les prochaines semaines pourraient laisser à désirer. Ne craignez toutefois rien, le mercure va grimper.

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« On a trois à quatre poussées plus ou moins brèves où les températures font un bond au-delà de 15 degrés en avril, explique Réjean Ouimet. Par contre, la possibilité que le phénomène dure plusieurs jours est sept fois moindre. D'où la difficulté que les chaleurs s’installent à demeure. »

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La vraie chaleur

Cette année, l'écart entre les 15 °C et les 20 °C durables pourrait raccourcir. Soulignons que le dernier seuil avant l'installation d'un régime de températures estivales est atteint vers la troisième semaine de mai dans le sud du Québec. Si la douceur prend plus de temps à s'installer, un bond spectaculaire risque de survenir plus tard en mai.

« Le décalage entre le sud du Québec et les régions plus au nord est d'environ un mois, estime Réjean Ouimet. Cette année, les retards pris au sud pourraient être moins grands pour les régions nordiques advenant une rupture dans le scénario qui accélérerait le réchauffement en mai. »

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Avec la collaboration de Kevin Cloutier et Réjean Ouimet, météorologues.


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