
Le blizzard : quand on ne voit ni ciel ni terre
Le blizzard est un des phénomènes météorologiques les plus dangereux. Nombreux sont ceux qui se sont retrouvés désorientés dans ces conditions, qui ont perdu leur route et finalement la vie. Certaines régions du monde comme les Prairies canadiennes et la Sibérie sont plus enclines à connaître des épisodes de blizzard intense à cause de leurs vastes plaines qui permettent plus facilement aux vents de souffler sur de longues distances.
Plusieurs fois immortalisé dans les films, le blizzard frappe l’imaginaire. Comme beaucoup de phénomènes météorologiques, il est le résultat de la combinaison de plusieurs éléments. Il se développe lorsqu'une forte chute de neige est accompagnée de vents violents. Ceux-ci causent la poudrerie qui réduit grandement la visibilité. De plus, le phénomène doit durer au moins 4 h pour être qualifié officiellement de blizzard.
Il existe un truc mnémotechnique pour se souvenir des critères qui doivent être rassemblés afin de qualifier un événement hivernal de blizzard. Il s’agit de la règle du 4-4-4. Il faut que la visibilité soit à moins de 400 m, que les vents soufflent à plus de 40 km/h et que le tout dure au moins 4 h. Il y a une petite différence pour les régions qui se situent au nord de la limite forestière. De ce côté, il est plus facile de générer des conditions de poudrerie généralisée, car il s’agit de vastes plaines. Pour parler de blizzard dans ces régions, il faut que le phénomène dure au moins 6 h.
Ces critères sont ceux qui sont officiellement utilisés pour qualifier un événement météorologique de blizzard. Cependant, certains diront qu’ils ont connu des conditions de blizzard lorsque la poudrerie, créée par le vent qui soulève la neige tombée lors d’un épisode précédent, diminue grandement la visibilité. Il prend alors le nom de blizzard de surface. Il donne l’impression d’être dans un blizzard, mais officiellement, pour avoir un blizzard, il faut que la poudrerie soit majoritairement due à la neige qui tombe avec intensité. Il faut cependant souligner que même si tous les critères nécessaires pour qu'Environnement Canada émette un avertissement de blizzard ne sont pas satisfaits, il est quand même possible de parler de conditions de blizzard. Par exemple, si la visibilité est réduite à 400 m durant 3 h au lieu de 4 h, on peut quand même affirmer qu’on a connu un épisode de blizzard.
Le blizzard de montagne s’apparente au blizzard de surface. En effet, dans une région montagneuse, le vent peut aussi soulever la neige au sol et réduire fortement la visibilité. La particularité d’un blizzard de montagne est qu’il peut durer pendant plusieurs jours. Puisqu’il se produit en altitude, le facteur de refroidissement éolien est un joueur important dans ce type de blizzard. Celui-ci cause la mort d’animaux et d'humains, par hypothermie, en seulement quelques heures. Il est aussi reconnu pour sa capacité à littéralement enterrer les refuges de montagne.
Dans la plupart des cas, les vents forts associés à ce type de tempête sont causés par une dépression qui se bute à un anticyclone stationnaire ou qui se déplace lentement. La différence de pression entre ces deux systèmes et leur proximité sont responsables de l’intensification des vents.
Les critères d’un événement de blizzard ne sont pas toujours les mêmes que chez nous. De fait, ils peuvent être différents d’une région du monde à l’autre. Par exemple, au Royaume-Uni, la visibilité doit être inférieure à 200 m avec des vents d’au moins 55 km/h, et ce, durant plus de 3 h. Pour les États-Unis, les critères sont presque les mêmes qu’au Royaume-Uni à l'exception de la visibilité qui doit être de moins de 400 m. Il y a de petites variantes selon les pays, mais tous s’entendent sur le fait qu’un blizzard combine une faible visibilité à une longue période.
Célèbres blizzards
Chez nous, l’événement connu sous le nom de «La tempête du siècle» qui a eu lieu le 4 mars 1971 était en fait un blizzard. Cette tempête a déversé 56 cm de neige accompagnés de vents de 110 km/h. La visibilité a été réduite pendant 17 heures consécutives. Les policiers ont réquisitionné des motoneiges pour venir en aide à la population. Le métro de Montréal a été pris d'assaut, car c’était le seul moyen de transport qui fonctionnait encore. Plusieurs vont se déplacer en ski de fond et en raquette pour apporter de la nourriture à des employés coincés sur leur lieu de travail, incapables de rentrer chez eux.
Plus récemment, la tempête du 16 mars 2017 a forcé la fermeture de l’autoroute 13 à Montréal, où des centaines d’automobilistes ont dû passer la nuit dans leurs voitures. Durant cet épisode, la métropole a connu des conditions de blizzard durant 7 h. Au Québec, la tempête a fait cinq morts. Le sud de la province a reçu entre 40 et 80 cm de neige selon les régions. Dans la capitale, plusieurs milliers de foyers ont été privés d’électricité et le fleuve Saint-Laurent est sorti de son lit, inondant le quartier du Petit Champlain et le boulevard Sainte-Anne.
Au cours du siècle dernier, la ville de Chicago a connu deux importants épisodes de blizzard. En 1999, la ville reçoit 55 cm les 2 et 3 janvier. On rapporte 78 pertes de vies. Dans le sillage de cette tempête, le mercure a plongé à -46 °C dans la ville des vents. L’autre blizzard important à avoir frappé Chicago s’est produit en 1967. Du 26 au 27 janvier, la ville reçoit 58 cm de neige. Celle-ci était accompagnée de vents de 90 km/h, en provenance du lac Michigan. Ils ont grandement réduit la visibilité pendant plusieurs heures. Près de 50 000 voitures et 800 autobus municipaux ont été abandonnés dans les rues. Une jeune fille a été victime de tirs entre les policiers et des pillards. Au total, 60 personnes ont perdu la vie dans la région.
L’Ouest canadien a été littéralement enseveli par un blizzard en 1947. Celui-ci a sévi pendant 10 jours, du 30 janvier au 8 février. Toutes les routes et les voies ferrées ont été impraticables de Calgary à Winnipeg. On rapporte qu’après la tempête, les enfants devaient enjamber les fils électriques pour se rendre à l’école tellement les accumulations étaient importantes. En Saskatchewan, un fermier a été obligé de faire un trou dans le toit de sa grange pour pouvoir y entrer et nourrir son bétail. L’histoire des Prairies canadiennes est truffée d’épisodes de blizzard tous plus rocambolesques les uns que les autres. Les blizzards y sont tellement fréquents que plusieurs fermiers attachent une corde entre leurs maisons et leurs granges afin de retrouver leur chemin après avoir nourri le bétail.