Verglas : une petite glace, mais de grands impacts

Depuis la crise du verglas de 1998, dès que le moindre risque que ce type de précipitations se pointe à l’horizon, on assiste à une recrudescence de l’intérêt porté aux prévisions météorologiques par les Québécois. Nous nous trouvons dans une des régions les plus susceptibles de connaître du verglas dans toute l’Amérique du Nord. Cependant, il ne faut pas confondre verglas et pluie verglaçante.

Au Québec, les régions les plus à risque de connaître un épisode verglaçant sont la vallée du Saint-Laurent, la vallée du Richelieu, l’Outaouais et le Saguenay. Ces grandes vallées emprisonnent plus facilement l’air froid. Puisque celui-ci est plus lourd que l’air chaud, il se positionne au fond des vallées. Ceci permet à de l’air plus chaud, apporté par le front chaud d’une dépression, de se positionner au-dessus de l’air froid coincé au fond d’une vallée. C’est la recette parfaite pour créer de la pluie verglaçante.

En effet, lorsqu’une langue d’air chaud s'insère entre les nuages et le sol, les flocons qui quittent le nuage fondent en traversant cet air chaud. Mais puisqu’au sol, on est en présence d’une couche d’air où les températures sont sous le point de congélation, ces gouttes d’eau nouvellement formées vont geler au contact des surfaces sur lesquelles elles tombent. C’est la pluie verglaçante. La couche de glace qui se forme alors porte le nom de verglas. Puisque celui-ci contient très peu de bulles d’air, il devient littéralement invisible sur certaines surfaces comme les routes.

La température au sol est aussi un facteur important lors d’un épisode de pluie verglaçante. Plus celle-ci est basse, plus le verglas se forme rapidement. Il sera aussi plus dur que s’il se forme à une température près du point de congélation. Il arrive fréquemment que la pluie verglaçante n’arrive pas seule. En général, lorsqu’un système apporte de la neige, qui par la suite se change en pluie, il y a toujours un risque de voir dans la transition de la pluie verglaçante. Elle aura cependant moins d’impact, car elle sera absorbée par la neige qui est tombée précédemment, comme le ferait un essuie-tout. Si, lors d’un épisode hivernal de précipitations mixtes, on reçoit plus de grésil que prévu, les autres types de précipitations, comme la neige et la pluie verglaçante, ne seront pas aussi abondants, car la formation de grésil accapare une grande partie de l’humidité contenue dans l’air pour se former. Il en reste donc moins pour permettre la formation des autres types de précipitations.

Le verglas peut aussi se former lors d’un dégel suivi d’un gel soudain. Les rues se couvrent alors d’eau et se transforment en patinoire dès que le mercure repasse sous point de congélation. Selon Ouranos, les changements climatiques réduiront annuellement le nombre de jours avec de la pluie verglaçante au sud du 50e parallèle (tout ce qui est au sud de Sept-Îles). Cependant, nous connaîtrons plus de verglas formé par un dégel suivi d’un gel, car il y aura une hausse d’épisodes de dégel hivernal dans le futur. La formation de brouillard lorsque le mercure est sous zéro va aussi former un verglas sur toutes les surfaces avec lesquelles il entrera en contact.

En plus de rendre les routes dangereuses, une forte accumulation de verglas sur les branches et les fils électriques peut les faire céder. Les coupures de courant sont le plus grand impact du verglas dans notre quotidien. Puisqu’il est toujours probable qu’une grande superficie du territoire soit touchée par cette situation, celle-ci peut durer plusieurs jours.

Les secteurs de l’aviation et du trafic ferroviaire peuvent aussi être paralysés par le verglas. Celui-ci ralentit le trafic aérien, car les avions au sol doivent procéder au déglaçage avant de s’envoler, ce qui occasionne des retards. Lorsque les avions entrent dans une zone de pluie verglaçante quand ils sont en vol, ils possèdent deux moyens de s’en protéger. Certains modèles d’aéronefs peuvent dévier les gaz chauds issus du moteur vers les ailes pour faire fondre toute accumulation. D’autres modèles possèdent un manchon en caoutchouc sur l’avant des ailes. L’équipage peut gonfler celui-ci pour casser la glace qui s’est formée. Dans le cas du trafic ferroviaire, le plus grand risque c’est la formation de glace qui pourrait gêner le bon fonctionnement des aiguillages, ce qui pourrait entraîner une collision entre deux trains.

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Célèbres épisodes de verglas au Québec

Même si le plus grand verglas que le Québec ait connu a eu lieu il y a plus d’un quart de siècle, il est toujours très présent dans notre mémoire collective. Entre le 5 et le 9 janvier 1998, trois dépressions ont traversé la province, déversant par endroits plus d’une centaine de millimètres de pluie verglaçante. Cet événement a tellement endommagé le réseau d’Hydro-Québec qu’il a fallu près de deux milliards de dollars pour le remettre sur pied. Certains résidents du triangle noir ont été privés de courant pendant 34 jours. Au total, 29 personnes ont perdu la vie dans cet événement connu comme « la crise du verglas ».

Plus récemment, au début du mois d’avril 2023, le sud du Québec a observé des précipitations verglaçantes pendant 13 heures consécutives. Plus d’un million de résidents ont été privés d’électricité pendant plusieurs jours. Quatre personnes ont perdu la vie et 127 cas d’empoisonnement au monoxyde de carbone ont été rapportés à la santé publique. Selon la ville de Montréal, il a fallu plus d’un mois pour ramasser toutes les branches de ses parcs.