Les producteurs laitiers s’attaquent à leurs émissions

Pour affronter les importantes répercussions qu'auront les changements climatiques sur le milieu agricole, les producteurs laitiers se munissent d'outils pour s'adapter et assurer une production alimentaire dont nous tirerons profit encore longtemps.

Des étés chauds et des gels tardifs

Michel Brien, producteur laitier et président de l’UPA Estrie, remarque déjà que le climat a changé. Il observe plus de chaleur en été ainsi qu’un allongement des saisons d’été et d’automne. Normalement, on connaissait un premier gel à la mi-septembre, mais depuis quelques années celui-ci se produit plus souvent vers la mi-octobre, souligne-t-il. La fréquence de fortes précipitations a, elle aussi, augmenté de façon significative. Pour lui, la survie de l’industrie se trouve dans sa capacité à s’adapter.

Une constante adaptation

Cette adaptation s’annonce complexe. Il est possible d’utiliser des semences mieux adaptées à la chaleur et qui arrivent à maturité plus tard dans la saison, mais puisqu’on n’est pas à l'abri d’une année avec un gel plus hâtif que les dernières années, on risque de perdre une récolte. Il faut rester prudent, car ce n'est pas toujours pareil, rappelle-t-il. Il remarque aussi qu’au cours des dernières années on assiste à un plus grand nombre d'événements de pluie abondante qu’il y a 40 ou 50 ans. En 2024, sa région a connu deux épisodes de pluie de près de 100 mm.

Les producteurs ont accès à des documents préparés par des spécialistes du climat. Ceux-ci soulignent qu’il faut s’attendre à des étés plus secs, mais aussi à de plus nombreux événements de pluie extrêmes.

Des solutions pour affronter les effets du climat

Afin de mieux s'adapter, les producteurs laitiers devront installer une meilleure ventilation dans leurs étables, pour les jours de grande chaleur, et améliorer le drainage de leurs terres pour les protéger des grands coups d’eau que les changements climatiques leur réservent. Ils devront travailler sur plusieurs facettes de leurs exploitations, car les producteurs laitiers produisent aussi du foin et du maïs pour nourrir leur bétail.

Conscients de l’effet qu’ont leurs exploitations sur le bilan carbone de la planète, plusieurs producteurs laitiers ont maintenant accès à un bilan de leurs émissions afin de mieux cibler les gestes efficaces à poser pour les réduire. Dans la majorité des cas, les émissions produites par les ruminants représentent près de 50 % de leurs émissions totales.

Selon M. Brien, il est nécessaire d'améliorer le confort des animaux pour qu'ils vivent plus vieux. Ainsi on a besoin d'élever moins de bêtes en prévision des remplacements à venir. En réduisant le cheptel de 10 %, on réduit nos émissions d’autant. Il travaille aussi à augmenter la productivité de ses vaches. De plus, les chercheurs planchent actuellement sur un additif alimentaire pour les vaches qui réduirait leurs émissions digestives de 30 %.

Le contenu continue ci-dessous

Une culture de couverture pour accroître le rendement

Les producteurs devront aussi augmenter la quantité de matière organique contenue dans leurs champs. Celle-ci augmente leur capacité d'absorption du carbone. En effet, la matière organique contenue dans le sol agit comme une éponge en retenant l’humidité. Les sols sont ainsi moins vulnérables aux sécheresses.

Pour atteindre cet objectif, les producteurs devront faire des semis intercalaires. C'est-à-dire de semer une culture de couverture en même temps que la culture principale. Cette culture de couverture à plusieurs avantages. Elle augmente le rendement de la culture principale, réduit les coûts de production, améliore la composition des sols et réduit l’érosion lors de fortes pluies.

Selon Michel Brien, les changements climatiques se produisent comme les scientifiques l’avaient prévu, mais arrivent beaucoup plus rapidement. Il est vrai que l’adaptation coûte cher, mais l’inaction sera encore plus coûteuse. Heureusement, il y a de nombreuses recherches qui sont faites par Agriculture et Agroalimentaire Canada pour aider les producteurs agricoles à réduire leurs émissions, ajoute-t-il.