Gros tapis de neige : trois éléments à surveiller pour les inondations

Ce printemps, les ingrédients sont réunis pour une saison active. Prévision.


Saison 2025

Cet hiver, plusieurs secteurs ont été gâtés avec des chutes de neige abondante. Un tapis de cette épaisseur laisse-t-il présager le pire pour les inondations printanières? Selon Réjean Ouimet, météorologue, le risque pourrait augmenter durant les prochaines semaines. Ne l'oublions pas, le couvert neigeux ne fait pas foi de tout. Les conditions atmosphériques sont à prendre en considération pour évaluer le risque.

« La saison des inondations est à nos portes et certains éléments pourraient laisser présager le pire, explique Réjean Ouimet. Sauf qu’il y a un bémol majeur. Les conditions de neige actuelles et les conditions météo à venir ne sont pas parfaitement alignées. »

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Moins d'eau

En février, le Québec a été servi avec des quantités de neige nettement supérieures à la normale. Montréal a essuyé deux tempêtes coup sur coup et accumulé plus de 72 cm de neige. Toutefois, la province a vu très peu de pluie et de verglas cet hiver. Cette situation revêt une certaine importance pour évaluer le risque d'inondations printanières. Durant les prochaines semaines, la donne pourrait changer.

« La neige au sol au Québec peut paraître abondante dans certains secteurs à l’heure actuelle, déclare Réjean Ouimet. Un portrait global montre toutefois que cette neige est moins chargée en eau que lors des saisons d’inondations de 2017, 2019 et 2023. La raison tient au fait que l’hiver a été peu arrosé. Aussi, l'hiver a été peu verglacé. Donc, on a un couvert de neige qui peut fondre plus facilement et libérer moins d’eau ce faisant que lors des années de fortes inondations. La pluie qui s’installe au Québec va changer la donne en dopant en eau cette neige vierge. »

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Neige à venir

Même le sud du Québec reçoit de la neige au printemps, en mars et en avril. Pour l'ensemble du territoire, c'est environ quatre bordées pour chacun des mois. Les grosses chutes de neige ont un effet pervers sur la réserve d'eau pouvant causer des inondations.

« Les bordées de neige reportent la fonte et accentuent le phénomène puisque davantage de neige reste à fondre dans un temps plus court, explique Réjean Ouimet. Une bordée au début du printemps prend une dizaine de jours à fondre. Le tout est en fonction de l’importance de la tempête. Plus vous maintenez le couvert de neige important tard en mars et avril, plus l’élastique risque de casser. »

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Trop chaud

Un élément redouté pour les inondations est la fonte très rapide de la neige. Lorsque la température de l'air monte nettement au-dessus du point de congélation, la fonte s'accélère. Si un changement de régime brutal survient, le risque d'inondations augmente.

« Les poussées de chaleur vont accélérer la fonte et l’intensité de la chaleur joue pour beaucoup, précise Réjean Ouimet. Dans un contexte de fin d’hiver qui s’étire en longueur, le risque augmente de voir une rupture drastique vers du temps doux. Une poussée de chaleur à la mi-mars étant moins intense que celles qui vont surgir en avril. »

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Beaucoup de pluie

Cette année, mars s'annonce particulièrement actif. Des systèmes copieux risquent de frapper au Québec. Durant la dernière quinzaine, les températures seraient propices aux perturbations plus chaudes qui généreraient de la pluie.

« La neige fait place à la pluie dans le sud du Québec comme type principal de précipitations autour du 21 mars, estime Réjean Ouimet. Des pluies importantes et répétées deviennent un argument majeur en faveur des inondations. Le ruissellement dû à la fonte de la neige est amplifié par l’apport en eau de la pluie qui par ailleurs accélère la fonte de la neige. Lors des printemps inondés de 2019 et 2017, ces saisons furent passablement arrosées. »

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Avec la collaboration de Bertin Ossonon et Réjean Ouimet, météorologues.


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