
Les bourrasques: un réel danger pour les automobilistes
Les bourrasques de neige peuvent rendre les conditions routières extrêmement périlleuses. Au passage de celles-ci, la visibilité devient soudainement nulle. Il arrive souvent qu’elles soient responsables de carambolage, comme ce fût le cas en février 2020 sur l’autoroute 15. Ce jour-là, dans le secteur de La Prairie, 200 véhicules, dont des semi-remorques et un autobus scolaire, sont entrés en collision. Deux personnes ont perdu la vie et 29 autres ont été gravement blessées.
Deux types de bourrasques
Il existe deux types de bourrasques. Les bourrasques associées au passage d’un front froid et celles qui se forment au-dessus d’un plan d'eau. Dans les deux cas, le phénomène peut avoir des conséquences importantes. Au Québec, nous pouvons connaître les deux types de bourrasques.
Les bourrasques frontales se forment au passage d’un front froid, comme les orages en été. Elles peuvent donc être assez intenses. D'ailleurs, si un jour vous avez été témoin d’un orage de neige en hiver, c’était à cause d’un front froid. Il faut qu’il y ait une bonne différence de température entre la masse d’air à l’avant du front et celle qui se trouve derrière. Le passage du front va alors forcer le soulèvement de la masse d’air plus chaude qui se trouve à l’avant de celui-ci. Puisque cet air est plus chaud, il contient aussi plus d’humidité. En s’élevant, l’humidité va former un nuage. Plus le soulèvement est fort et soutenu, plus les nuages seront volumineux. Les bourrasques vont entraîner une neige de forte intensité mais de courte durée. Jamais plus de 30 minutes.
Le passage de bourrasques frontales est souvent accompagné de forte poudrerie, car à l’avant du front froid, il se forme un autre front appelé, front de rafale. Celui-ci génère des vents de plus de 40 km/h qui contribuent à réduire grandement la visibilité en soulevant la neige qui est déjà au sol. La combinaison des fortes chutes de neige et de la poudrerie va rendre les conditions routières difficiles, à cause du caractère soudain du phénomène. Lorsqu’il se produit, on passe d'un temps dégagé à un blizzard en quelques minutes seulement. Ceux qui en ont été témoins parlent d’un mur blanc, où on ne peut distinguer le ciel du sol. Plusieurs portions d’autoroutes qui ne sont pas boisées peuvent devenir très dangereuses lors du passage d’une bourrasque.
Les bourrasques associées à des plans d’eau se forment à l’automne ou en début d’hiver, lorsqu’un plan d’eau n’est pas encore gelé. L’air froid poussé par les vents se réchauffe lorsqu’il glisse sur la surface plus chaude du lac. Les molécules qui le composent vont alors s'éloigner les unes des autres. Ceci permet à l’air d’avoir plus de place pour emmagasiner de la vapeur d’eau. Étant au-dessus d’un plan d’eau, la disponibilité en humidité est élevée. En poursuivant sa course vers la rive opposée, l’air se gorge de vapeur d’eau. Plus la distance parcourue au-dessus de l’eau est grande, plus la quantité de vapeur d’eau que l’air transporte sera importante. Mais de l’autre côté du lac, l'air est beaucoup plus froid au-dessus de la terre ferme. Les molécules de l’air plus chaud vont alors se contracter en se refroidissant. En se contractant, l’air expulse le surplus d’humidité qu’il transportait et il se met à neiger.
Ce type de bourrasque de neige est un phénomène très localisé, selon la direction des vents. En effet, puisqu’il est dû aux vents, il suffit que leur direction change d’un degré pour que la tempête sévisse ailleurs. Dans le cas du blizzard de 2014, où Buffalo a reçu 165 cm, les vents n’ont pas changé de direction pendant quatre jours. Pourtant, à seulement 30 km de là, Niagara Falls ne recevra que 19 cm pour la même période. Puisque ce phénomène se produit directement aux abords d’un plan d’eau, il ne neige pas quelques kilomètres à l’intérieur des terres, car la masse d’air se vide de son contenu dès qu’elle est arrivée dans l’air plus froid de l’autre côté du lac. Il arrive parfois que les bandes de neige parcourent quelques dizaines de kilomètres.
Il est possible au Québec de connaître ce type de bourrasque sur les côtes du Bas-Saint-Laurent et au lac Saint-Jean. Pour que ces bourrasques se forment, il faut que le plan d’eau mesure au moins 44 km de long. C’est pour cette raison que ça arrive plus souvent aux abords des Grands Lacs qu’au bord d’une majorité de lacs au Québec. Dès que la surface des lacs gèle, l’apport en humidité est coupé et le phénomène ne peut plus se produire.